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Le 20 décembre 2019

Matinée d’étude sur l’impact de la mise en place du traitement automatisé AEM – Appui à l’Évaluation de la Minorité – sur l’entrée en protection de l’enfance des mineurs isolés »

La Voix de l’Enfant a participé, le 3 décembre dernier à une matinée d’étude consacrée à « l’impact de la mise en place du traitement automatisé AEM – Appui à l’Évaluation de la Minorité – sur l’entrée en protection de l’enfance des mineurs isolés », organisée par l’association InfoMIE.

Cette association -dont La Voix De l’Enfant est membre- est une plateforme nationale visant à promouvoir la diffusion et le respect des droits des mineurs isolés étrangers. La problématique des mineurs isolés est au cœur de l’action de plusieurs associations membres de La Voix De l’Enfant, dont La Vie Active et Parcours d’Exil.

Il a été rappelé qu’en principe, tout mineur sans condition de nationalité doit pouvoir bénéficier des mesures de protection de l’enfance, telles que l’accueil provisoire d’urgence (APU). Dans le cadre de cet accueil, le mineur fait l’objet d’une évaluation de minorité et d’isolement diligentée par le Conseil Départemental, lequel rendra une décision provisoire d’admission ou de refus d’admission à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). Cette décision sera ensuite confirmée par un juge des enfants.

Le cadre législatif a évolué avec la loi du 10 septembre 2018 pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie, qui crée le fichier automatisé AEM « afin de mieux garantir la protection de l’enfance et de lutter contre l’entrée et le séjour irréguliers des étrangers en France ».

Celui-ci ne comporte que les empreintes digitales et une photographie du mineur. Le Conseil constitutionnel a déclaré cette disposition conforme à l’intérêt supérieur de l’enfant. Il précise notamment que la majorité ne doit pas être déduite d’un refus de donner ses empreintes ou de l’enregistrement de la personne dans d’autres fichiers étrangers tels que VISABIO ou AGDREF.

Il faut noter que le décret d’application de cette loi va plus loin que le législateur en autorisant la création du fichier AEM et en modifiant la finalité des fichiers étrangers AGDREF 2 et VISABIO. En effet, en cas de décision de non admission à la protection de l’enfance, les données d’AEM seront transmises au fichier AGDREF2 et elle rend consultable le fichier VISABIO dès l’évaluation de la minorité. De même, alors que cela n’est pas prévu par la loi, la consultation des fichiers étrangers intègre le faisceau d’indices de la minorité.

Selon le Défenseur des Droits, le décret d’application ne respecte pas le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant, porte atteinte à la présomption de minorité et à la protection adaptée des mineurs. De plus, consulter les fichiers étrangers va, selon lui, au-delà des prévisions légales.

Les intervenants ont souligné que le décret est source de nombreuses dérives, en contradiction avec l’intérêt supérieur de l’enfant. En effet, en pratique, l’accès à l’APU est souvent conditionné à la prise d’empreinte. A défaut de quoi, l’évaluation s’interrompt. De plus, les mineurs sont l’objet d’une nouvelle évaluation en cas de réorientation vers un nouveau département, y compris lorsque la décision de prise en charge par l’ASE a été confirmée par un juge des enfants.

Pour l’avenir, les professionnels intervenant auprès des mineurs isolés restent tout particulièrement vigilants envers la protection des droits de ces jeunes.

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