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Effectivité des droits de l’enfant : où en est-on fin 2023 ?

Conflits, événements climatiques, épidémies, pauvreté… Les enfants sont aujourd’hui toujours plus exposés à la violence et leurs droits menacés. C’est pourquoi les associations membres de La Voix De l’Enfant œuvrent sur le terrain pour leur venir en aide. État des lieux des droits de l’enfant dans le monde et zoom sur la situation en France fin 2023.

Effectivité des droits de l’enfant : où en est-on fin 2023 ?

Marquée par de multiples tensions à l’échelle mondiale et événements dramatiques, l’année 2023 n’aura pas épargné les enfants qui, plus que jamais, ont besoin d’être protégés.

Qu’est-ce que la protection de l’enfance ?

La protection de l’enfance est encadrée par la loi. En France, elle est définie en ces termes par l’article L. 112-3 du Code de l’action sociale et des familles (CASF) :

« La protection de l’enfance vise à garantir la prise en compte des besoins fondamentaux de l’enfant, à soutenir son développement physique, affectif, intellectuel et social et à préserver sa santé, sa sécurité, sa moralité et son éducation, dans le respect de ses droits. »

Pour ce faire, elle déploie notamment :

  • Des actions de prévention en faveur de l’enfant et de ses parents ;
  • Le repérage et le traitement des situations de danger ou de risque de danger pour l’enfant ;
  • Et des mesures administratives (aide financière, aide éducative à domicile, contrat jeune majeur, accueil familial ou en établissement) et judiciaires (ordonnance de placement, etc.) prises pour sa protection.

Quel cadre juridique pour la protection des droits de l’enfant ?

Deux lois, de 2007 et 2016, ont réactualisé et renforcé la protection de l’enfance. Toutes deux ont ainsi permis de réaffirmer les droits et les besoins fondamentaux de l’enfant.

Si la loi de 2007 a mis l’accent sur la bientraitance, la loi de 2016 a notamment institué la création du Haut Conseil à la Famille, à l’Enfance et l’Âge (HCFEA) ainsi que du Conseil National de la Protection de l’Enfance (CNPE).

Sa mission : réunir les différents acteurs de la protection de l’enfance (services de la justice, des départements, de la pédopsychiatrie…) et participer à construire une stratégie nationale.

En complément, un nouveau Pacte pour l’enfance a été lancé fin 2019 avec pour objectif d’améliorer la situation des enfants placés (lutte contre les violences aux mineurs, réforme de l’aide sociale à l’enfance…).

Les acteurs de la protection de l’enfance : le rôle des associations

En France, plusieurs acteurs sont chargés de veiller à l’effectivité des droits des enfants. Parmi lesquels :

  • Les services de l’aide sociale à l’enfance (ASE), les services associatifs habilités et les tiers bénévoles pour le volet administratif de la protection de l’enfant ;
  • La direction de la Protection judiciaire de la jeunesse pour le volet judiciaire.

Ainsi, les organismes « officiels » ne sont plus les seuls à avoir la charge de la protection des enfants.

Le rôle des associations est aujourd’hui essentiel. Elles sont sources de création, d’initiatives et de portage de projets.

Par ailleurs, quand les programmes sont montés en pluridisciplinarité avec les professionnels, les associations apportent un soutien qui renforce les actions sur le terrain. Cependant, il n’est pas rare qu’elles aient à pallier des carences de l’État ou de départements. Elles peuvent aussi bousculer et aller à contre-courant de l’ordre établi pour faire bouger les instances tant administratives que politiques.

« Voilà pourquoi les associations sont un acteur indispensable à la protection des droits de l’enfance : parce qu’elles accompagnent, soutiennent, partagent leurs connaissances, expériences et pratiques. »

En ce sens, elles sont véritablement au service de l’enfant et non d’une politique.

Protection de l’enfance : le point sur la situation en France

En France, le Défenseur des enfants était une autorité administrative indépendante instituée par la loi no 2000-196 du 6 mars 2000, chargée de défendre et de promouvoir les droits de l’enfant. Depuis le 1er mai 2011, les missions du Défenseur des enfants sont affectées au Défenseur des droits, et plus précisément à l’un de ses trois adjoints qui revêt alors le titre de vice-président du « collège chargé de la défense et de la promotion des droits de l’enfant ».

Aujourd’hui, en France, le Défenseur des droits est donc l’organisation désignée pour veiller au respect des droits des enfants. Reconnu par le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies, il s’assure du respect de « l’intérêt supérieur de l’enfant », c’est-à-dire que l’intérêt de l’enfant soit considéré comme primordial et prioritaire sur tout autre.

Le Défenseur des droits auprès des enfants

Chaque enfant a des droits en matière de santé, d’éducation, de justice, de protection sociale… Le Défenseur des droits auprès des enfants est alors chargé de défendre ces droits et de les faire connaître.

Depuis 2017, le Défenseur des droits a mis en place un dispositif inédit et indépendant pour veiller à l’application de la CIDE par l’État et s’assurer de la bonne évolution de l’effectivité des droits de l’enfant en France.

Ce dispositif s’articule autour de trois niveaux :

  • Une veille juridique et opérationnelle mobilisant l’ensemble de l’institution ;
  • Un dialogue nourri avec les associations, permettant d’éclairer le suivi à la lumière des problématiques rencontrées sur le terrain en termes d’effectivité des droits de l’enfant ;
  • Le recueil de l’opinion des enfants et des adolescents, eux-mêmes.

Dans quelles circonstances le Défenseur des droits auprès des enfants peut-il intervenir ?

  • Des enfants français et étrangers vivant sur le territoire français ;
  • Des enfants français vivant à l’étranger.

Les domaines de prédilection du Défenseur des droits auprès des enfants

Le Défenseur des droits, avec le Défenseur des enfants, peut intervenir dans de nombreux domaines dans le cadre du respect des droits de l’enfant, et notamment en matière de :

  • Protection de l’enfance ;
  • Santé et handicap ;
  • Justice civile et pénale ;
  • Adoption ;
  • Scolarisation pour tous ;
  • Mineurs étrangers.

Qui peut saisir le Défenseur des droits auprès des enfants pour les droits d’un enfant ?

  • Un enfant ou un mineur de moins de 18 ans ;
  • Les membres de la famille de l’enfant ou ses représentants légaux ;
  • Les services médicaux ou sociaux ;
  • Une association dont les statuts défendent les droits de l’enfant ;
  • Un parlementaire français ou un élu français du Parlement européen ;
  • Une institution étrangère qui a les mêmes fonctions que le Défenseur des droits.

À noter que le Défenseur des droits auprès des enfants peut également se saisir d’office lorsqu’il estime que son intervention est nécessaire.

Les chiffres clés de la protection de l’enfance en France

1/ L’année 2022 a enregistré le décès de mort violente de 62 enfants en France. Plus de la moitié avait moins de trois ans. Ils sont décédés sous les coups, étouffés, noyés, tués par arme à feu ou par arme blanche.

2/ Lors de la rentrée des classes en septembre 2023, 2 822 enfants à la rue ont été recensés, dont près de 700 ont moins de trois ans. Soit une augmentation de +41 % en un an !

3/ Selon l’Observatoire national de la protection de l’enfance, au 31 décembre 2021, 310 500 mineurs et plus de 35 100 jeunes majeurs étaient suivis en protection de l’enfance. Des chiffres en hausse !

Quelques exemples d’actions menées par des associations membres de La Voix de l’Enfant

Difficile de citer l’ensemble des actions que nous menons tant nos associations membres sont investies. Nous avons néanmoins sélectionné quelques exemples d’actions réalisées en France en 2023.

La rentrée des classes 2023

Chaque année, les enfants et les adolescents accompagnés par nos associations membres bénéficient, avant la rentrée scolaire de septembre, de la remise d’un kit scolaire composé de diverses fournitures (trousse, stylos, crayons, feutres, colle, feuilles, cahier de texte ou agenda, règle, compas, ardoise, calculatrice…).

Le 28 août dernier, La Voix De l’enfant a ainsi contribué à une distribution de 200 cartables pour les primaires et 310 sacs pour les collégiens et lycéens dans les locaux de son association membre l’AFP18.

Des actions tout au long de l’année

Assurer le respect des droits des enfants, c’est aussi leur favoriser l’accès aux loisirs et leur permettre d’apprendre de façon ludique. C’est pourquoi nos associations membres organisent tout au long de l’année des activités en ce sens. Par exemple :

  • L’été dernier, 40 enfants et adolescents de l’association Maison de Sagesse ont passé une journée au Parc Astérix !
  • 10 enfants des associations Maison de Sagesse et Double Horizon ont pu bénéficier d’un séjour, à la campagne ou à la mer dans le cadre d’une colo apprenante proposée par la Ville de Paris.
  • L’association Korhom a organisé les ateliers Jard’humains pour permettre aux enfants et à leurs familles d’aborder différents thèmes tels que la non-violence, l’égalité et les discriminations ou la coopération grâce à des jeux de réflexion, des activités coopératives et des temps créatifs.
  • L’association GPAS, en Bretagne, a proposé aux enfants et adolescents d’explorer le parc du Berry et d’y construire un « terrain d’aventures » à base de matériaux naturels.

Zoom sur les UAPED

À l’origine de la création des Unités d’Accueil Pédiatriques Enfants En Danger (UAPED) il y a 25 ans, La Voix De l’Enfant s’inquiète du manque de coordination tant sur l’organisation des ouvertures de ces Unités d’Accueil Pédiatriques Enfants en Danger que sur les financements qui leur sont attribués.

Les annonces de la Première Ministre, Élisabeth Borne, le 20 novembre dernier à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant, n’ont en aucune façon rassuré La Voix De l’Enfant ni les professionnels qui interviennent depuis des années aux seins des UAPED. La Voix De l’Enfant décidera lors de son prochain Conseil d’Administration de son maintien ou non dans le dispositif mis en place par l’État.

Tour du monde des droits des enfants

À l’international, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU est chargé de veiller à la mise en œuvre de la Convention internationale des droits de l’enfant par ses États parties. Composé de 18 experts indépendants, il surveille également l’application des protocoles facultatifs se rapportant à la convention, qui portent sur l’implication d’enfants dans les conflits armés, ainsi que sur la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants.

La Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE)

Adoptée le 20 novembre 1989 par l’Assemblée générale des Nations Unies, la Convention internationale des Droits de l’Enfant est le premier traité international à énoncer les droits pour tous les enfants. Ratifiée par l’ensemble des États membres, exception faite des États-Unis. La CIDE garantit la protection des droits de l’enfant en contraignant les États parties à respecter et à rendre effectifs chacun de ses articles.

Les droits de l’enfant dans le monde en 2023

En 2023, de nombreux événements ont mis à mal les droits des enfants. Certains pays n’hésitant pas à imposer un cadre allant à l’encontre du respect de ces droits ; d’autres étant dans l’incapacité d’assurer cette protection faute de moyens matériels et/ou financiers.

Plusieurs événements majeurs ont ainsi affecté des centaines de milliers d’enfants cette année partout dans le monde. La liste suivante est donc loin d’être exhaustive mais elle met en avant quelques-uns des plus marquants.

Les droits des filles bafoués en Afghanistan

Les médias en parlent peu. Pourtant, depuis le retour des Talibans au pouvoir en août 2021, la situation en Afghanistan ne cesse de se dégrader pour les enfants et plus particulièrement pour les filles. Depuis près de deux ans, les jeunes Afghanes sont privées de leur droit à l’éducation du fait de la décision en mars 2022 d’interdire aux trois millions de filles le droit d’accéder à l’enseignement supérieur. Aujourd’hui, elles sont également bannies de l’enseignement secondaire. En parallèle, les conditions de vie déplorables poussent de plus en plus de parents à vendre un enfant pour survivre et à marier de force leurs filles mineures.

Les enfants, premières victimes de la guerre

Que ce soit en Ukraine, dans le cadre du conflit Israélo-Palestinien, au Soudan ou dans tout autre pays en guerre, les enfants sont les premières victimes. L’année 2023 n’a pas fait exception à la règle. Cette année, des milliers d’entre eux ont été blessés, pris en otages, orphelins ou tués. Et les survivants doivent la plupart du temps vivre dans des conditions extrêmement précaires, souvent privés d’eau, de nourriture, d’électricité ou d’accès aux soins et à l’éducation. Sans oublier le traumatisme avec lequel ils vont devoir vivre, synonyme d’un avenir en pointillé.

Quand la terre tremble, l’effectivité des droits de l’enfant s’effondre

L’année 2023 a également été secouée par des événements naturels et climatiques particulièrement violents. Outre les tremblements de terre survenus en Turquie et en Syrie le 6 février 2023, et au Maroc le 9 septembre, la Lybie a elle aussi subi des inondations meurtrières. Soit autant de drames laissant des milliers de personnes à la rue, dont un grand nombre d’enfants livrés à eux-mêmes et en grande détresse.

Nous pourrions également citer la famine au Yemen ou les différents mouvements migratoires partout dans le monde, et bien d’autres événements encore. Le constat est sans appel : face à des menaces en constante progression, les droits des enfants ne cessent de régresser. En témoignent les quelques chiffres ci-dessous.

Les chiffres clés de la protection de l’enfance

1/ En 2022, l’ONU a confirmé 27 180 violations graves à l’encontre des enfants, parmi lesquelles des meurtres, des mutilations et des enlèvements. Les attaques contre les écoles, les hôpitaux et leur personnel ont augmenté de 112% par rapport à 2021.

2/ Le Bureau de la Représentation Spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés (RSSG ECA) rapporte que près de 250 millions d’enfants vivent dans des pays affectés par les conflits.

3/ Selon Defence for Children International, environ 14 % des migrants dans le monde sont des enfants : plus de 34,7 millions d’enfants sont ainsi en déplacement chaque année.

4/ Autre droit de l’enfant en danger : celui de l’accès à l’éducation. Selon le Rapport mondial de suivi sur l’éducation 2023 de l’UNESCO, le pourcentage d’enfants achevant le cycle primaire a augmenté de moins de 3 points depuis 2015, pour atteindre 87 %. Le pourcentage de jeunes achevant le cycle secondaire a quant à lui augmenté de moins de 5 points pour atteindre 58 %. Des progrès certes, mais très lents et encore bien faibles !

C’est pourquoi, les associations membres de La Voix De l’Enfant (LVDE) sont au quotidien engagées sur le terrain au plus près des enfants dans le besoin. Nous avions ainsi lancé des appels aux dons spécifiques pour venir en aide aux enfants ukrainiens, turcs, syriens ou marocains, et parer au plus urgent. Face à la situation dramatique au Proche Orient, La Voix De l’Enfant et ses associations membres ont demandé l’ouverture d’un corridor humanitaire pour les enfants de Gaza et la libération des enfants israéliens détenus en otage.

Mais au-delà de ces appels et des aides d’urgence apportées, c’est sur le long terme que les droits de l’enfant sont en danger, le temps de la reconstruction (des écoles et des centres de soins par exemple) s’avérant souvent très long. C’est pourquoi nos actions sur le terrain s’inscrivent dans la durée. La preuve avec AFRANE, association membre de LVDE.

Focus sur AFRANE, Amitié Franco-Afghane

La Voix De l’Enfant compte aujourd’hui (en novembre 2023) 76 associations membres dans 80 pays d’intervention. Parmi elles, AFRANE agit au quotidien pour les droits des enfants afghans. AFRANE est une association loi 1901 d’aide humanitaire créée en 1980. L’association, fondée sur des liens entre les Français et les Afghans, s’attache à apporter une aide humanitaire en Afghanistan et à informer sur la situation dans le pays.

Elle est ainsi le relais sur le terrain de l’action menée conjointement par Toutes à l’école & La Voix De l’Enfant qui, dès le mois d’août 2021, se sont mobilisées afin de réaliser un projet d’appui à l’éducation des jeunes afghanes en France et en Afghanistan. Parmi les actions réalisées :

  • La formation d’enseignantes ;
  • L’organisation de sessions de cours complémentaires pour de nombreux élèves ;
  • L’équipement de certaines écoles très défavorisées en matériels (pupitres, mobilier, etc.), et en dispositifs d’accès à l’eau (installations sanitaires…).

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