Faire un don

Le 03 septembre 2021

Liban, 1 an plus tard : fin du programme de soutien psychosocial des familles par SESOBEL

Il y a plus d’un an déjà, le 4 août 2020, la vie des Libanais a été totalement bouleversée. Une double explosion dévastatrice est venue s’ajouter aux tragédies que connaît le Liban : crise institutionnelle et économique sans précédent, pandémie COVID-19, etc… L’impact de la déflagration ne s’est pas limité uniquement à la zone du port : plus de la moitié de la ville a été détruite ou bien a été très gravement endommagée.

Aux pertes en vies humaines et aux milliers de blessés s’ajoute le fait que de nombreux habitants se retrouvent encore aujourd’hui sans travail et sans toit, presque 300.000 personnes sont désormais sans-abri. Les conséquences profondes de l’explosion, comparables aux destructions en temps de guerre, nourriront longtemps nombre de traumatismes psychologiques.  Et ces traumatismes ont été particulièrement importants chez les enfants qui ont été témoins du bruit, du tremblement, des images du nuage de fumée diffusées en boucle sur les chaines de télévision ; ils ont vu couler du sang, parfois le leur ou celui de leurs proches.

Pour les enfants et adolescents dont s’occupe SESOBEL, déjà fragilisés car en situation de handicap, autistes, ou atteints de maladies chroniques, le traumatisme a été encore plus durement ressenti. Ces enfants ne mangeaient plus, ne dormaient plus par peur de rêver, ne sortaient pas de peur de mourir ; ils refusaient de retourner là où ils se trouvaient lorsque l’explosion est survenue. Nombreux sont ceux qui présentaient des troubles du comportement, des signes de traumatisme ou de stress extrême et même, pour un bon nombre d’entre eux, des idées suicidaires. Aujourd’hui, pris entre l’explosion et la crise économique du pays tout entier (près de 50% de la population libanaise vit sous le seuil de pauvreté, et plus de 20% sous le seuil d’extrême pauvreté), tous ces enfants vivent dans des appartements partagés ou dans des bâtiments peu sécurisés. Nombreux sont ceux qui sont privés d’école…

Face à ce constat accablant, une seule chose à faire : AGIR ! La Voix De l’Enfant et ses associations sur place se sont mobilisées dès les premiers instants afin de venir en aide aux enfants des familles les plus en difficulté : acheminement depuis la France et remise aux familles de lait maternisé, petits pots, couches, etc…

Cependant, l’accompagnement de ces enfants et adolescents ne pouvait s’arrêter là. C’est ainsi que SESOBEL a mis en œuvre un projet d’accompagnement psychosocial dès les jours qui ont suivi l’explosion. Toute une équipe pluridisciplinaire a été mobilisée : travailleurs sociaux, psychologues, physiothérapeutes, orthophonistes, kinésithérapeutes respiratoires, ergothérapeutes, psychomotriciennes, etc… Initialement prévue jusqu’à fin 2020, grâce à l’ouverture d’un nouveau partenariat avec la Fondation de France, cette action a pu être maintenue jusqu’en juin 2021.

Au total ce sont 120 familles qui ont bénéficié d’un accompagnement global. 37 enfants (19 filles et 18 garçons) ont eu un suivi psychologique individuel (une séance par semaine) afin de les aider à dépasser les lourds traumatismes vécus. Au niveau rééducatif, 72 séances ont été effectuées pour 7 enfants en situation de handicap.

Cette action a apporté un grand réconfort aux enfants et à leurs familles, comme le démontrent les quelques témoignages ci-dessous.

 

« La région où nous habitons a été affectée par l’explosion, les vitres et les portes de ma maison ont été, soit cassées, soit endommagées. Durant l’explosion, j’étais seule à la maison avec mes 2 enfants qui ont été traumatisés. Après cette explosion, on a remarqué un changement de comportement chez notre fille âgée de 8 ans. Des troubles du sommeil ont émergé, elle n’acceptait plus de dormir seule, elle se sentait toujours en insécurité et voulait rester tout le temps à mes côtés.

 Suite à l’intervention de l’équipe du SESOBEL, j’ai pu comprendre les symptômes de ma fille, apprendre à les gérer et accepter le suivi psychologique.

Aujourd’hui, un changement remarquable s’est opéré chez elle au niveau comportemental : elle recommence à jouer avec ses amis, elle se concentre mieux pour étudier, elle est capable de dormir toute seule.

Enfin, ce service à favorisé la réadaptation de ma fille. Merci à SESOBEL, car grâce à vous, ma fille a pu reprendre sa vie et son souffle, elle est  redevenue le « Papillon » de la famille. » Famille K.

 

« Après la destruction totale de notre maison suite à l’explosion du 4 Août, nous avons été obligés de changer de foyer et de région. J’ai perdu mon mari qui travaillait au port de Beyrouth lors de l’explosion. Cette perte était un grand choc pour moi et pour mes 3 enfants qui ont été affectés par cet évènement fatal.

 Ma fille âgée de 16 ans, était la plus affectée, plusieurs symptômes sont apparus comme la perte de l’appétit, les insomnies, l’isolement, la  lenteur, la tristesse et la mauvaise perception de soi.

Suite à l’intervention de l’assistante sociale, j’ai pu réaliser que mon enfant avait besoin d’un suivi psychologique. Après plusieurs séances assurées par SESOBEL, j’ai pu remarquer un progrès au niveau relationnel et une acceptation légère de la perte de son père.

Ce que ma fille est entrain de vivre est trop difficile à surmonter, j’espère qu’un jour elle pourra dépasser ce trauma ». Famille B.

 

« Je suis mère de quatre enfants dont trois, ma fille et mes deux fils, ont été gravement affectés par l’explosion. Ils présentent depuis des troubles du comportement sévères, ils piquent des crises de colère et montrent une agressivité et une peur incontrôlables. Ma fille à travers ce projet a bénéficié d’une prise en charge complète vu qu’elle est atteinte d’une déficience motrice (suivi psychologique, orthophonie, physiothérapie…) et mes fils ont bénéficié d’un suivi psychologique pour travailler sur leurs difficultés. Mes enfants ont beaucoup profité de ce programme. J’ai remarqué un changement de comportement marqué qui se manifeste à leur retour de chaque séance. SESOBEL ne les a jamais abandonnés et si les séances étaient annulées à cause du confinement, on me téléphonait pour s’assurer que mes enfants se portaient bien. L’institution m’a aussi offert un grand support, tous les professionnels étaient à ma disposition ce qui m’a permis de mieux gérer l’éducation de mes enfants surtout que je me sentais très débordée en tant que mère dans la situation libanaise actuelle». Mme E.

 

Suggestions d'articles