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Le 11 octobre 2019

Interview de Clotilde Mallard, directrice générale du Rire Médecin

La Voix De l’Enfant a eu le plaisir d’accueillir récemment au sein de son réseau d’associations Le Rire Médecin. Susciter les rires chez les enfants lorsque ces derniers sont en proie à de graves maladies est essentiel. Le rire est un refuge, un échappatoire, un témoignage de liberté et d’espoir pour ces enfants malades.  Nous nous sommes entretenus avec Clotilde Mallard, directrice générale de l’association.

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Après avoir occupé les mêmes fonctions au sein de l’association de malades Vaincre la Mucoviscidose pendant 6 ans, j’ai rejoint l’équipe du Rire Médecin en mai 2018. Motivée par la rencontre avec Caroline Simonds, sa fondatrice, et le Pr Philippe Hubert, son président, j’ai été séduite par la qualité de réalisation de la mission sociale. L’équipe des 100 comédiens-clowns du Rire Médecin est exceptionnelle de professionnalisme, de talent, de délicatesse, de bienveillance et de sensibilité. A chaque observation d’un duo à l’hôpital, je suis immensément touchée par l’impact de notre action sur les enfants, les familles et les soignants.

Crédits  : Géraldine Arestaneu

 

Crédits  : Géraldine Arestaneu

Pourriez-vous nous en dire plus sur le contexte de création du Rire Médecin ? D’où est partie cette idée ?

A l’origine de cette grande aventure, il y a Caroline Simonds, alias Dr Girafe, comédienne américaine. Après 3 ans et demi passés « à faire le clown » au sein de l’équipe du Big Apple Circus – Clown Care Unit de New York, Caroline Simonds décide de fonder sa propre association en France qu’elle baptise « Le Rire Médecin » en 1991. Dès le départ, les clowns sont des comédiens professionnels, formés spécifiquement pour intervenir en établissement de soins. Ils débarquent pour la première fois en France à l’Institut Gustave Roussy et à l’hôpital Louis Mourier à Colombes.

 

Pourriez-vous présenter les actions du Rire Médecin ? Quelle est la vocation du Rire Médecin ?

Le Rire Médecin rêve d’un monde où tous les enfants hospitalisés, en particulier les plus vulnérables, y compris aux premiers jours de leur vie, trouveront à leurs côtés des alliés qui sauront restaurer l’insouciance de leur âge, les écouter, les comprendre, leur apporter jeu, imagination et fantaisie, les faire rire.  Après presque 30 ans d’action, nous agissons dans 15 hôpitaux et dans 46 services auprès des enfants, de leur famille et des soignants. Nos principales missions sont de :

  • Faire intervenir des artistes professionnels en duo pour des spectacles improvisés et sur mesure partout en France et toute l’année, auprès des enfants en situation de vulnérabilité
  • Apporter de la vie, de la joie, de la légèreté, de la poésie, du rire et de l’humour pour les aider à traverser les moments difficiles dans la maladie
  • Accompagner l’enfant dans son parcours de soins et les parents à mieux vivre l’expérience de l’hospitalisation
  • Intervenir en collaboration avec les soignants pour s’intégrer pleinement dans l’univers hospitalier
  • Promouvoir le bénéfice thérapeutique du rire par une approche ludique dans les soins, en menant des recherches et en évaluant nos actions
  • Contribuer à la reconnaissance officielle et au rayonnement du métier de clown hospitalier, en France comme à l’étranger, en assurant la transmission de nos savoir-faire et en dispensant des formations de qualité

 

Quelles sont les méthodes des clowns pour interagir avec les enfants malades ? Est-ce qu’ils improvisent ? Comment s’adaptent-ils aux différents profils d’enfants ?

Les clowns du Rire Médecin interviennent toujours en duo. Il s’agit en effet de spectacles improvisés et sur mesure, pour chaque enfant. La collaboration établie avec l’équipe soignante et leur passage, pour chaque début de journée d’intervention, au poste de soins, leur permet de savoir quel enfant est hospitalisé dans chaque chambre. Certaines informations transmises sous le sceau du secret médical leur permettent de connaître l’âge et la pathologie, si un enfant est douloureux ou pas, s’il faudra accompagner un soin invasif aux côtés de l’équipe soignante, ou si au contraire l’enfant va mieux et va sortir prochainement, par exemple. La fin de journée est l’occasion d’échanger sur chaque enfant et de faire-savoir, pour la prochaine visite, ce qui a plu à quel enfant, et comment il a vécu la présence des clowns à ses côtés.

 

Pourriez-vous nous décrire « un moment de partage type » entre un clown et un enfant ?  En quoi le rire peut-il transformer la vie d’un enfant ? Auriez-vous un exemple concret ? Une anecdote ?

A Marseille à l’hôpital de la Timone, l’action des clowns du Rire Médecin a donné envie à une petite fille malade de devenir comédienne elle-même. Aujourd’hui guérie, cette envie ne l’a pas quittée, et elle en témoigne dans un prochain spot du Rire Médecin qu’internautes et téléspectateurs auront l’occasion de découvrir en fin d’année.

 

Quelle sont vos perspectives futures, le prochain défi du Rire Médecin ?

Nos prochains défis ont été travaillés lors de la refonte de notre projet associatif tous ces derniers mois. Il s’agit à la fois de développer notre action, de cultiver créativité et transmission (savoir-faire, formation pour ce métier si spécifique de clown hospitalier), de conserver la qualité d’intervention et de formation de nos comédiens. Ces défis tendent tous vers un objectif unique, faire en sorte que plus d’enfants hospitalisés et en grande situation de vulnérabilité, dès les premiers jours de leur vie, puissent bénéficier de la visite de nos comédiens-clowns. Notre ambition est qu’au moins 100.000 enfants (vs 80.000 aujourd’hui) en profitent d’ici 2025, ce qui implique bien sûr de nouvelles ressources, dons et mécénats d’entreprises. C’est un beau challenge qui nous réunit tous, et auquel l’équipe siège comme nos bénévoles en régions sont fiers de contribuer !

 

Des actus à nous partager ?

Le Rire Médecin a développé des programmes innovants comme MaterNez à la maternité du Kremlin-Bicêtre, pour renforcer le lien mère-enfant lorsque celui-ci est difficile. Fin 2018, en collaboration avec l’association La Bonne Etoile et la fondation de France, nous avons pu ouvrir une journée d’intervention à l’UAJV d’Orléans, pour accompagner les enfants victimes de maltraitance. En tant que nouvel adhérent de la Voix de l’enfant, nous travaillons à pouvoir proposer ces nouveaux types d’intervention à d’autres hôpitaux et cherchons activement des partenaires susceptibles de nous accompagner dans cette démarche.

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