L’AMADE, un partenaire au service de l’enfance

Plus de 60 ans après sa création, la vision portée par l’AMADE, Association Mondiale des Amis de l'Enfance cofondée en 1963 par la Princesse Grace de Monaco, et partenaire de La Voix De l’Enfant, reste plus que jamais d’actualité. Croire en chaque enfant, c’est construire le monde de demain. Entretien avec Jérôme Froissart, Secrétaire général, et Mathilde Refalo, responsable de Programme, de l’AMADE.

Quelle que soit la région du monde, les enfants sont toujours ceux qui sont en premier lieu affectés en cas de crise, qu’elle soit économique, climatique, géopolitique ou sanitaire. C’est pourquoi, l’AMADE s’attache aujourd’hui à protéger les enfants les plus vulnérables, partout dans le monde.

« L’enfant est notre plus petit dénominateur commun, c’est ce qui nous unit à travers les continents, les cultures, c’est l’espoir de demain, c’est le monde de demain. Malgré tout ça, on néglige cette enfance, explique Jérôme Froissart, Secrétaire général de l’Amade. Or les enfants n’ont ni syndicat, ni parti, pour les représenter. Par conséquent, souvent, on ne les entend pas. Et quand on a des situations qui sont difficiles, on a vite fait de tourner la tête, pour ne pas regarder les problèmes en face. Ces enfants, malheureusement, sont ignorés et ne sont pas pris en charge. »

La proximité terrain pour protéger les enfants les plus vulnérables

En réponse à cette réalité, l’Amade a affiné son positionnement pour pouvoir lever le voile et regarder les réalités en face comme elles sont. Comment ? À travers une approche très pragmatique de terrain. Approche qu’elle partage avec La Voix De l’Enfant.

Pour adresser les enjeux au plus près de la réalité du terrain, l’AMADE s’appuie sur un réseau de partenaires locaux.

Leur mission : protéger cette enfance vulnérable et l’accompagner dans son développement.

Pour leur permettre d’accomplir cette mission l’AMADE leur apporte un soutien financier, mais aussi et surtout un appui technique en vue de tester, puis diffuser les solutions innovantes qu’ils mettent en œuvre et leur donner les moyens d’apporter des solutions concrètes, testées et approuvées.

« Tout ce que nous avons appris vient de nos partenaires de terrain. Notre équipe à Monaco se rend donc régulièrement sur le terrain pour aller à la rencontre de nos partenaires », poursuit Jérôme Froissart.

La force du réseau

Autre axe fort de l’AMADE, également en lien avec le positionnement de La Voix De l’Enfant : c’est la puissance de son réseau de partenaires. 

« Lorsqu’une expérience est capitalisée dans un pays ou dans une région, nous pouvons la partager avec l’ensemble de nos partenaires. Cette mise en réseau de nos partenaires est véritablement un axe fort de l’AMADE. »

Donner la parole aux enfants

Troisième axe de travail, que l’AMADE entend développer dans les années à venir : donner la parole aux enfants en leur permettant de témoigner. La conférence annuelle des partenaires de l’AMADE est notamment l’occasion de réunir l’ensemble de l’écosystème – associations de terrain, grands donateurs, entreprises mécènes, conseil d’administration, gouvernance, etc. – mais aussi de faire venir les jeunes qui bénéficient de notre soutien.

« Ce sont toujours des témoignages très parlants, très saisissants, très humains et qui nous confortent dans notre positionnement. Un autre de nos axes de travail porte sur l’impact. En tant que tiers de confiance, il est essentiel de pouvoir rendre compte à nos donateurs de l’impact de nos actions et, ainsi, de donner du sens à leur engagement. Les histoires de vie que nous partagent ces jeunes, façon storytelling, y contribuent pleinement. »

Floride Ikizakubuntu, étudiante en troisième année de médecine au Burundi et bénéficiaire des projets soutenus par l’AMADE

Lors de la conférence des Partenaires 2025, les participants ont ainsi pu écouter le parcours de Floride Ikizakubuntu, étudiante en troisième année de médecine au Burundi et bénéficiaire des projets soutenus par l’AMADE.

L’AMADE intervient dans le pays depuis 25 ans, à la suite du génocide. Parmi les actions menées : prise en charge des orphelins, des enfants vulnérables et des questions communautaires, création d’institutions de microfinances, construction d’un établissement d’éducation secondaire d’excellence.

Aujourd’hui, c’est tout un complexe scolaire de référence qui peut accueillir ces orphelins. Ils ont même accès à des études secondaires, à l’image de Floride venue témoigner de son parcours.

« Elle est d’une intelligence remarquable et une vraie preuve de résilience. C’est un vrai bonheur d’entendre son témoignage. C’est aussi un retour humain de ce qui est fait, et qui permet de créer des passerelles entre des personnes ici, qui n’iront peut-être jamais au Burundi, et des jeunes bénéficiaires sur place. Voilà comment on change des vies ! »

Quels sont les trois métiers de l’AMADE ?

Le modèle de l’AMADE est établi sur la base de trois grands métiers.

Les programmes

Premier métier : le programme, ou plutôt les programmes (car il y en a quatre) que nous vous détaillerons ci-après. Là, le rôle de Mathilde Refalo, responsable de Programme, est d’aller sourcer et identifier les associations locales, et ensuite d’échanger sur leur ambition et leur modèle pour en faire des champions de la protection de l’enfance localement.

« Notre discours auprès de nos partenaires est très clair : nous les accompagnons pendant trois ans, pour documenter un modèle déjà en place, et leur permettre de franchir un cap en termes d’assistance technique. Bien sûr, cela ne signifie pas que le partenariat s’arrête au bout de trois ans. Mais il prendra peut-être une forme différente. L’idée est de les aider à développer leur impact pour qu’ils puissent trouver d’autres partenaires financiers et passer à une autre échelle. Nous agissons en quelque sorte comme un laboratoire d’innovation en faveur de l’enfance. »

Le tiers de confiance

Un autre point d’intérêt dans le modèle de l’AMADE repose sur son axe philanthropie-impact. L’AMADE se positionne en effet comme un tiers de confiance entre le terrain, le programme et ces grands donateurs conscients des problématiques mondiales, mais qui n’ont peut-être pas la possibilité d’identifier une association locale.

« Nous sommes leur tiers de confiance en termes de mobilisation des fonds. Nous nous positionnons comme la boutique-hôtel de la philanthropie à impact en faveur de l’enfance. »

À noter qu’à l’AMADE, 100 % des coûts de structure sont pris en charge par le gouvernement ou par certaines donations. Par conséquent, les dons reçus sont reversés à 100% sur le terrain.

Le plaidoyer

Enfin, 3e métier : le volet communication – plaidoyer. La communication tout d’abord, grâce à la capacité de tirer parti de l’extrême richesse de cette expérience de terrain pour illustrer les actions de manière très concrète et mettre en valeur les partenaires locaux. Avec une ambition : montrer que les solutions aux problématiques existent, qu’elles ont été testées et qu’elles produisent un impact réel.

Côté plaidoyer, l’AMADE s’attache à lever les blocages qu’il peut y avoir sur le terrain avec les autorités locales. Cette coopération publique et ce lien avec les institutions sont indispensables pour faire avancer certains projets et mettre en avant l’intérêt de l’approche communautaire proposée. C’est notamment le cas du programme État civil mené conjointement avec La Voix De l’Enfant en République Démocratique du Congo (RDC).

« L’État civil est un problème typiquement régalien. Donc nous faisons en sorte de toujours conserver ce lien avec les autorités locales. Nous sommes allés récemment au Burundi avec Mathilde. Or les mamans célibataires ne pouvaient pas enregistrer leurs enfants à l’État civil par rejet du libertinage. Nous nous sommes donc rendus sur le terrain avec les autorités locales pour qu’ils rencontrent ces femmes et écoutent leur histoire. La plupart d’entre elles n’avaient tout simplement plus de nouvelles du père. Ce travail de plaidoyer, avec nos partenaires, permet de faire bouger les lignes localement. Apporter notre contribution au changement fait aussi partie de notre mission. »

Quatre programmes dédiés à l’enfance

Les quatre grands programmes de l’AMADE répondent directement aux observations réalisées sur le terrain.

Dignité pour les femmes 

Axé sur les jeunes filles sur la base des violences observées en République Démocratique du Congo (viol comme arme de guerre) et aux Philippines (abus à l’intérieur du cercle familial), il adresse trois principaux enjeux :

  • La prise en charge et la réinsertion sociale des jeunes filles victimes de violences sexuelles.
  • L’accès à l’éducation secondaire à travers l’accès à l’hygiène menstruelle ainsi qu’à la santé sexuelle et reproductive.
  • L’accès aux bourses universitaires pour les jeunes filles.
Distribution des serviettes et sensibilisation au prés des élèves de Makamba

L’énergie de l’espoir

10 millions d’enfants naissent chaque année dans une famille dépourvue d’électricité. L’accès à l’énergie est un des principaux leviers de développement pour l’enfance. Au-delà de la lumière, c’est aussi une unique opportunité d’accéder à l’information, au savoir, à des services essentiels et ce grâce au digital.

Ce programme a plusieurs objectifs : 

  • Promouvoir l’accès des enfants à une énergie durable et de qualité
  • Appuyer l’accès à l’éducation digitale
  • Identifier, développer et diffuser une offre digitale en faveur de l’éducation, la santé et la protection

Un Enfant Un Talent

Le programme « Un enfant, un talent » est né de la mobilisation de l’AMADE autour du projet « Capoeira pour la Paix » en RDC qui visait à la reconstruction et la réinsertion en société des ex-enfants soldats à travers la pratique de la Capoeira. Une capoeira « sociale » grâce à la pratique de cet art martial qui symbolise surtout la capacité à travailler ensemble.

« De ce projet est née une réflexion sur le fait qu’il existe de nombreuses méthodologies basées sur le sport, la culture, l’art ou encore le mentorat pour permettre aux jeunes de se rendre compte que la situation dans laquelle ils sont n’est pas une fatalité. Le programme a pour but d’identifier et accompagner le déploiement de ces méthodologies pour favoriser le développement du potentiel des jeunes. »

Dans le cadre de ce programme, l’AMADE accompagne également le déploiement du mentorat comme vecteur d’accrochage scolaire et de développement des potentiels des jeunes accompagnés par l’Aide Sociale à l’Enfance dans les Alpes Maritimes, mais aussi la lutte contre la récidive et la promotion de la réinsertion sociale des mineurs incarcérés à Marseille, ou encore le développement des potentiels des jeunes issus des quartiers défavorisés de New York ONG à travers une méthodologie innovante basée sur la danse, qui a d’abord fait ses preuves en Afrique.

L’ONG Gingando pela Paz basée à Goma utilise la capoeira pour creer du lien social et lutter contre les discriminations de genre. Ici GPP Nyiabuchongo.

Un État civil pour tous

C’est le dernier né des programmes qui touche le premier de tous les droits. Le constat est simple : si la moitié des enfants accompagnés par des partenaires locaux ne peuvent accéder aux programmes de l’AMADE faute d’actes de naissance, alors quel intérêt ?

« On ne se rend pas compte en Occident de la problématique que représente l’enregistrement à l’État civil dans certaines zones du monde car il est chez nous automatique. Ce bout de papier est un précieux sésame pour avoir accès à tout. Sans, on est un enfant fantôme. »

Plus de 200 millions d’enfants dans le monde n’ont pas d’acte de naissance, bloquant ainsi tous leurs autres droits, et plus de 150 millions ne sont pas enregistrés à l’État civil !

Cinq questions à Mathilde Refalo, responsable de Programme, au sujet du programme État civil

C’est sur ce programme que La Voix De l’Enfant et l’AMADE travaillent en étroite collaboration depuis plusieurs années dans la région du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo.

Pouvez-vous nous présenter ce programme État civil ?

Mathilde Refalo : L’idée de ce programme était de pouvoir travailler avec des structures locales dans les pays dans lesquels cette problématique d’État civil est très forte. Comme expliqué précédemment, l’État civil est une prérogative de l’État. Donc notre objectif est d’appuyer des ONG locales à devenir les partenaires des autorités locales pour pouvoir mettre en place des solutions innovantes, notamment en termes de digitalisation de l’État civil.

À l’heure actuelle, dans de nombreux pays, tout est encore au format papier. L’idée est donc dans un premier temps de basculer vers la numérisation des actes de naissance pour qu’ils soient stockés et sécurisés. Ensuite, nous avons une problématique majeure de sensibilisation parce que la population n’est ni informée de l’importance de cet acte de naissance pour l’avenir de leurs enfants, ni des procédures.

Certaines sont d’ailleurs inadaptées et sont en train d’évoluer car, dans certains pays, seul un enregistrement effectué dans les 15 jours suivant la naissance est gratuit. Passé ce délai, l’acte juridique devient payant, compliquant alors la tâche. Notre mission de plaidoyer au niveau local permet à la fois de faire changer ces lois inadaptées au contexte local et de permettre à l’État de se saisir de la problématique.

Plus concrètement, quelles actions terrain soutenez-vous, notamment en partenariat avec La Voix De l’Enfant ?

Mathilde Refalo : Nous avons trois partenaires sur trois projets différents. Un projet au Burkina Faso avec Tin Tua, une association locale qui travaille sur des questions de gouvernance et d’empowerment communautaire. Elle devient aujourd’hui l’un des principaux partenaires du service en charge de l’État civil pour mettre en place et tester des solutions innovantes en matière d’enregistrement des naissances.

Au Burundi, nous travaillons avec notre partenaire historique FVS-Amis des enfants. Nous avons notamment lancé un projet pilote en lien étroit avec le gouvernement et le ministère de l’Intérieur en charge des questions d’État civil pour tester un logiciel développé par le ministère, en vue de l’enregistrement automatique des naissances

Enfin, nous avons le projet qui touche à son terme, mis en place il y a trois ans dans la région du Nord-Kivu en RDC, en partenariat avec La Voix De l’Enfant et la LIDE, son association membre.

Quelles synergies observez-vous sur le terrain entre l’AMADE et La Voix De l’Enfant ?

Mathilde Refalo : Ce n’est pas un projet évident à plusieurs titres parce que c’est une région très compliquée. Il y a eu des enjeux sécuritaires et politiques sur le terrain. Il a fallu passer du temps à sensibiliser les autorités provinciales sur ces questions, mais finalement ce projet a pu porter ses fruits grâce à l’implication et aux capacités d’adaptation des équipes de La Voix de l’Enfant, ainsi que de la LIDE.

Nous pouvons être fiers de savoir que plus de 230 000 enfants dans cette province ont obtenu un acte de naissance grâce au dispositif mis en place dans le cadre de ce projet. Des enfants de moins de 5 ans ont ainsi été régularisés et ont obtenu un acte de naissance après le délai réglementaire.

Des solutions ont également été testées pour mettre en place un système d’enregistrement automatique à la naissance, notamment à travers l’interopérabilité avec les services de santé. C’est très important quand on sait que les centres de santé sont relativement plus proches des populations en zone rurale que les centres d’État civil qui sont plutôt en zone urbaine. C’est un très grand succès. Des échanges sont d’ailleurs en cours avec La Voix De l’Enfant pour poursuivre notre partenariat qui s’est avéré très fructueux durant ces deux ans et demi de projet !

Quelle suite entendez-vous donner à ce programme ?

Mathilde Refalo : Nous sommes ravis des résultats obtenus dans nos trois pays d’intervention sur ces trois premières années. Forts de ces succès, nous avons décidé de lancer une campagne de mobilisation des ressources pour pouvoir lever idéalement 1,5 million d’euros et surtout obtenir encore plus de résultats. Nous avons une ambition forte sur les trois prochaines années de pouvoir régulariser 750 000 enfants tout en continuant de développer notre réseau de partenaires et d’étendre nos pays d’intervention sur cette thématique, en Afrique mais aussi en Asie.

Nous continuons bien sûr à tester des solutions en lien avec les États avec l’idée qu’ils puissent ensuite mobiliser des financements plus conséquents auprès de bailleurs de fonds, d’acteurs internationaux, des Nations Unies ou de la Banque Mondiale qui travaillent également sur ces questions.

Quelle place demain pour la défense des enfants face aux tensions de ce monde ?

Mathilde Refalo : En tant qu’acteur du développement et de la solidarité internationale, nous sommes nous aussi confrontés à la compression ou à la suppression des budgets des agences de développement partout dans le monde. Mais dans ce contexte où les financements publics et internationaux sont plus rares, nous nous rendons compte de la pertinence de notre positionnement de pouvoir lever des fonds privés en tant que tiers de confiance des acteurs locaux.

Nous avons besoin plus que jamais de travailler ensemble pour centraliser les financements disponibles et avoir un impact plus fort sur les bénéficiaires finaux que sont les enfants. C’est dans cette idée que nous souhaitons travailler sur le programme Un État civil pour tous !

Ensemble, donnons un état civil aux enfants qui n’en ont pas

La Voix De l’Enfant et ses associations membres ont besoin de votre soutien pour continuer à offrir à tous les enfants le droit à une identité, le droit d’exister, d’être protégés, d’avoir un avenir.

D’avance, merci pour votre aide : à La Voix De l’Enfant, plus de 80% des dons reçus partent sur le terrain !

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La Voix De l’Enfant

Tour ESSOR – 14/16, rue Scandicci

93500 PANTIN

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